Archives Mensuelles: octobre 2015

Bonbon du week-end: une longue campagne électorale

Je vais essayer de retourner à mon ancienne habitude de terminer la semaine en beauté avec un petit peu de sucré. Lundi, ce sera enfin le terme de cette longue campagne électorale fédérale. Elle a débuté, je vous le rappelle, le 2 août dernier. 78 jours, c’est long. Heureusement, les campagnes électorales ont toujours leur lot de gaffes de la part de candidats ou des chefs, de moments gênants, cocasses ou parfois surréalistes. Il y en a tellement eu qu’il est difficile de se souvenir de tout. Heureusement, les médias sont là pour nous rafraîchir la mémoire. C’est souvent plus exaspérent qu’autre choses, mais il vaut mieux en rire qu’en pleurer.

Mathieu Charlebois de L’actualité revient sur quelques uns de ces petits moments qui ont ajouté du piquant dans la campagne. Des révélation gênantes, des réponses laborieuses à des questions simples, des publicités et produits dérivés hors de l’oridinaire… Bref, rien que des petites perles pour nous ramener le sourire avant de faire notre choix lundi prochain. Mon moment préféré restera, je crois, les phrases au français douteux de Justin Trudeau au débat des chefs de Radio-Canada. «C’est ce que le Parti libéral a un plan pour faire» m’avait laissée un peu perplexe. D’autres moments sont plutôt décourageants, comme cette candidate qui ne savait pas ce qu’était Auschwitz. Le meilleur est dans l’article sur le site web de L’actualité: http://www.lactualite.com/actualites/politique/les-grands-mais-surtout-les-petits-moments-de-lelection-federale-de-2015/ Que du plaisir.

Le journal de Montréal fait aussi sa petite compilation en mettant l’accent sur les gaffes des candidats. Plusieurs d’entre eux ont vu leur campagne se terminer abruptement d’une façon pas très glorieuse. Pour lire l’article de Sarah-Maude Lefebvre, c’est ici: http://www.journaldemontreal.com/2015/10/12/plusieurs-candidats-dans-lembarras

Il y a eu d’autres petits événements que ces deux publications n’ont pas notés.

Infodimanche, un journal de Rivière-du-loup nous montre des pancartes installées au mauvais endroit. Ça arrive parfois parait-il… http://www.infodimanche.com/actualites/elections-federales-2015/257842/des-pancartes-liberales-dans-le-mauvais-comte

Comment a-t-on pu oublier les pancartes « chats » de Chelsea en Outaouais? Cette gracieuseté du Café chat Sibérien fut une petite boufée d’air frais dans une campagne qu’on commençait déjà à trouver longue en début septembre. Pour les revoir, c’est ici.

Finalement, il ne faut pas oublier Wyatt Scott. Ce candidat indépendant dans Mission Matsqui Fraser Canyon en Colombie-Britannique nous avait tous fait sourire avec sa publicité riche en effets spéciaux au tout début de la campagne. Vous pourrez aussi apprécier sa nouvelle publicité avec un Big Foot guitariste. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il sait comment attirer l’attention.

N’oublier pas d’aller voter lundi si cela n’a pas déjà été fait! 

 

 

 

Suggestion lecture: Comme convenu

©Laurel source: <a href="http://bloglaurel.com/">bloglaurel.com/</a>

© Laurel source: bloglaurel.com

Je serai tout à fait subjective dans cette note, je vous préviens. Quand je vois un travail de qualité et original, je pense que ça vaut la peine d’en parler. J’avoue que celui-là, il m’intéresse particulièrement.

Que vous vous intéressiez ou non aux jeux vidéos, vous avez de grandes chances de tomber sous le charme de Comme convenu. C’est une histoire en BD fascinante et palpitante à propos d’une start-up de jeux vidéos en Californie. On y suit Laurel, une dessinatrice française, qui part aux États-Unis pour vivre l’aventure de la création d’une boîte de jeux pour mobiles. Les choses sont beaucoup plus difficiles que prévu, surtout en raison de co-fondateurs plutôt invivables.

Très inspiré de sa véritable expérience, Laurel présente Comme convenu  comme étant une histoire en grande partie fictive. Ceux qui suivent le blog de la dessinatrice savent que certains événements sont réels, car elle en a parlé. Cependant, le reste est mystérieux. La limite entre le vrai et le fictif est indécelable et si vous êtes comme moi, vous allez sincèrement espérer que certains événements soient inventés. Parfois, les choses tournent en effet très mal. Cette incertitude importe peu toutefois, car elle ne gâche en rien l’histoire. Dans ce récit rempli de rebondissements, il y a des personnages qu’on aime, d’autres qu’on déteste profondément et on a seulement hâte de voir comment le tout va évoluer. La BD est en effet toujours en publication à raison d’une page par jour de semaine sur le blog de Laurel. Tous les liens sont à la fin de cette note.

J’ai toujours apprécié le dessin de Laurel, dont je suis le travail depuis 2004. Il est simple et très éloquent. Elle est de ces dessinateurs qui réussi à faire parler le moindre petit détail. Or, au delà du dessin, Comme convenu est un récit riche qui explore de nombreuses facettes de l’histoire de base. On ne parle pas toujours de jeux vidéos et de dessin, mais aussi de vie de famille, d’adaptation à un nouveau milieu ainsi que des joies et des peines du quotidien. Aussi, elle est une histoire dans l’air du temps. Ils sont nombreux les jeunes et moins jeunes qui rêvent de fonder leur start-up de jeux vidéos. Cette BD montre qu’il faut faire attention avec qui on s’associe et qu’il y a des risques à se lancer dans une telle aventure. On peut tomber sur des manipulateurs et des personnes toxiques qui gâchent une belle expérience. Je n’en dirai pas plus, car c’est une histoire qui mérite vraiment d’être découverte page par page.

Pourquoi parler de Comme convenu maintenant? L’auteure a comme projet de publier une première partie de l’histoire en livre papier et elle a décidé d’utiliser la méthode du sociofinancement pour y parvenir. L’objectif a déjà été atteint sur Ulule, mais rien ne vous empêche d’aller l’encourager à votre tour si vous aimez son travail. Personnellement, je pense que c’est clair, j’aime beaucoup. J’espère que vous aimerez vous aussi!

Le blog de Laurel: bloglaurel.com/

Pour lire Comme convenu dès le début: http://bloglaurel.com/studio

Sa page Ulule pour participer au sociofinancement du livre: http://fr.ulule.com/comme-convenu/

Mon 30 septembre 2015

Hier, je suis allée à la marche des enseignants. J’y accompagnais une amie enseignante qui était en grève comme quelques 34 000 de ses collègues. J’y étais pour les encourager, pour les soutenir parce que je sais que ce qu’ils vivent présentement n’est pas facile.

Il faisait froid et il pleuvait un peu. Plusieurs manifestants portaient tuque et gants. Les gens étaients déjà tassés serrés au square Victoria même une heure avant le début officiel du rassemblement. Il faisait froid, mais l’atmosphère était chaleureuse. Même si c’était la colère qui les poussaient à être sur place, tous ces gens avaient le sourire aux lèvres. Ils étaient réunis des milliers au même endroit pour la même cause, de quoi gonfler à bloc un enseignant découragé. Il y avait des slogans, des drapeaux, des banderolles, de la musique, des sifflets, des trompettes, des adultes, des enfants ainsi qu’un manifestant déguisé en vache avec une affiche: « la vache ne rit plus ». Bref, il y avait de tout. Quand on a commencé à bouger, personne ne savait vraiment où on allait, mais tout le monde suivait d’un pas sûr. La marche a été courte, mais elle été juste assez longue pour lancer le message qu’ils voulaient lancer. C’était agréable de marcher avec eux. Il y avait de l’énergie, de la détermination, de la colère aussi, mais bien canalisée. Les policiers surveillaient avec vigilence, mais rien ne s’est passé. Placée à peu près au milieu, je ne voyais pas le début ni la fin du rassemblement, ce qui donnait l’impression qu’un nombre astronomique de personnes marchaient en même temps.  Un peu plus d’une heure plus tard, c’était fini et les manifestants se dispersaient.

Je ne veux pas donner mon avis sur toutes les revendications des enseignants face aux récentes décisions du gouvernement, ce n’est pas la place pour le faire. J’étais surtout là parce que tous les profs que je connais en arrachent. Je les vois en arracher. Je vois certains quitter le milieu ou penser le faire. Je voulais seulement voir comment ça se passait, comment ils allaient être, tous réunis comme ça. Je voulais les encourager un peu. J’ai rapidement remarqué que je n’étais pas seule à vouloir les encourager.

Hier matin, j’écoutais la radio sur le chemin. On demandait aux parents si ça compliquait leur journée ce congé impromptu en plein millieu de semaine. La majorité des répondants encourageaient les enseignants et si parfois ils n’étaient pas tout à fait d’accord avec la grève, ils la comprenaient. Ils étaient très peu à se plaindre.

Un peu plus tard, dans le train qui me menait au centre-ville, mes voisins de siège étaient quatre enseignants portant des t-shirts noirs avec un slogan comme on en voit beaucoup circuler ces temps-ci. Ils discutaient avec vigueur de la situation. Une employée de l’AMT passa près d’eux et les gratifia d’un chaleureux « Je vous souhaite une belle journée messieurs! » Encore plus tard, après le rassemblement, mon amie m’a raconté que l’employé du métro qui leur a donné leurs billets à elle et ses collègues a dessiné un petit sourire dessus. Avec leurs macarons, c’était en effet évident de deviner où elles se rendaient.

Pendant la marche, certains passant nous souriaient, nous encourageaient. Certains étaient mécontents, c’est certain,  mais l’atmosphère générale était positive. J’ai vu de la compassion dans le regard de certains passants. Réellement. J’avais le sentiment que la population était avec eux. C’est plutôt rare qu’on voit un tel appui à des revendications syndicales.

Malgré le froid et le vent, j’ai senti une énergie positive sortir de ce rassemblement. Or, cette apparence de bonne humeur pendant cette courte heure cachait une véritable colère qu’on ressentait aisément lorsqu’on s’approchait un peu plus des individus pour les écouter.

Sur le chemin du retour, j’ai discuté brièvement avec une de ces enseignantes. Je ne peux pas m’empêcher de relater certaines choses qu’elle m’a confiées. Je lui ai avoué que j’avais été dans le milieu, mais que je n’avais pas assez de colonne pour le supporter, alors j’ai quitté très rapidement. Mon interlocutrice m’a félicitée, m’a dit que j’avais bien fait. Elle m’a dit que, si elle devait recommencer, jamais elle ne deviendrait enseignante. Cette révélation m’a un peu troublée, surtout qu’elle le disait avec un ton presque agressif et surtout, catégorique. Je le sais, on va surtout vers ce métier par vocation profonde. Il faut vraiment avoir été désilusionné pour dire quelque chose comme cela. Je la regardais avec attention me parler, ou plutôt se vider le coeur. Je n’avais pas besoin de poser de questions, tout sortait tout seul. Elle plaignait les jeunes qui vont commencer leur carrière bientôt et les trouvait bien forts. Elle a conclu en me disant avec résignation: « ce n’est plus de l’enseignement… »

Je suis revenue chez moi en repensant à tout ça. Je me suis rendue compte que chaque enseignant et enseignante a sa propre histoire par rapport au métier. Ce sont toutes ces histoires individuelles que nous ne connaissons pas.

Je savais que cette journée n’allait pas changer grand chose. Au moins, j’espère qu’elle aura réussi à prouver que les enseignants ne sont pas seuls. Tout ce que je souhaite, c’est qu’ils aiment de nouveau entièrement leur métier et qu’ils se sentent appréciés pour ce qu’ils font.