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dBD: Le fantôme d’Anya

Fiche technique

Titre Nombre de pages Auteur(s) Éditeur Sortie
Le fantôme d’Anya 224 pages Vera Brosgol (Trad. Fanny Britt) La courte échelle 2012

décidément, j’aime les histoires de fantômes! Après les trois fantômes rencontrés par Rose la dernière fois, voici celui d’Anya. J’avais aussi envie de m’intéresser à de la BD qui s’adresse plus aux jeunes. C’est un album que j’ai vu il y quelques mois alors que je travaillais encore dans une librairie. La couverture m’avait intriguée, je l’avais alors feuilleté et l’avais trouvé intéressant. Je n’ai pu le lire sérieusement que récemment, alors voici ce que j’en ai pensé.

L’histoire

Anya est une adolescente, immigrante russe et obsédée par son poids, ses mauvaises notes et son béguin pour le garçon le plus populaire de l’école. Un jour, en faisant l’école buissonnière, elle tombe par accident dans un puits et rencontre  le fantôme d’Emily, morte au même endroit 93 ans plus tôt. Les jeunes filles, vivant de leur côté chacune une forme de solitude, deviennent amies. Emily aide beaucoup Anya pour améliorer ses notes et devenir plus populaire à l’école. Or, après quelques temps, le fantôme commence à devenir un peu envahissant.

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Le roman de Sylvie

Nombreux sont ceux qui aiment et veulent écrire, mais rares sont ceux qui parviennent à se faire publier. Le parcours est long, ardu et comporte souvent de nombreuses déceptions. Pour cette raison, je suis toujours intéressée à ceux qui réussissent à publier le fruit de leur travail imaginatif, parfois modestement. J’ai eu la chance de discuter avec Sylvie Lajoie, une auteure qui a publié début 2016 son premier roman : L’agenda de Béatrice. Je vous invite à regarder d’un peu plus près le parcours de Sylvie ainsi que le roman qui a résulté de cette expérience.

 

Parcours d’une publication

« J’ai toujours aimé créer. Que ce soit par la décoration ou la peinture et maintenant, par l’écriture » dit d’emblée Sylvie Lajoie. L’aventure littéraire de Sylvie commença il y a quelques années, alors qu’elle a retrouvé des textes qu’elle avait écrits lors de sa séparation. Inspirée d’en écrire plus, elle a suivi des ateliers d’écriture et pris un coach pour l’aider à être efficace dans ce travail. Avec ce qu’elle a appris de cet accompagnement, elle a essayé le mieux possible de réunir tous les aspects d’un bon roman pour mettre des points de son côté. « C’est préférable d’écrire sur un sujet d’actualité et il n’y avait pas de roman sur ce sujet des familles recomposées encore. Je sais que je vais pouvoir rejoindre les gens. »

Sylvie a envoyé son manuscrit à des maisons d’édition, sans beaucoup de succès. « On me répondait : ça ne convient pas, ce n’est pas ce qu’on recherche… ». Cela ne l’a pas découragée pour autant. Sylvie a retenu quelques-unes des remarques faites par les éditeurs et elle fait d’autres versions de son roman, changer des angles. Elle a finalement choisi d’aller aux Éditions de l’Apothéose, une maison d’édition un peu différente qui donne une chance aux nouveaux auteurs. « Ce n’est pas de l’autoédition, mais de la coédition. Le lien est plus étroit qu’avec une maison d’édition, plus direct », explique Sylvie. Grâce à cette maison d’édition, L’agenda de Béatrice a pu voir le jour.

 

La réalité au cœur du récit

Ce récit, inspiré de son expérience de vie, raconte le parcours de Béatrice dans sa vie de famille recomposée. À bord d’un train qui traverse l’Italie, Béatrice et Jean se remémorent les circonstances qui ont mené à leur rencontre, 15 ans auparavant. Béatrice avait alors vu sa vie basculer lorsque son conjoint Marc la quitte de manière subite et sans explication. C’est la deuxième séparation qu’elle vit et elle hésite à retourner dans une relation, surtout avec deux enfants. Pourtant, très rapidement et presque par hasard, elle rencontre Jean, lui aussi nouvellement séparé et père de deux filles. Tout au long de l’histoire, Béatrice sera confrontée à ses doutes, ses questionnements et les défis de la famille recomposée.

© Sylvie Lajoie - Éditions de l'Apothéose

© Sylvie Lajoie – Éditions de l’Apothéose

Sylvie s’est inspiré de sa propre expérience pour l’histoire de Béatrice, mais aussi celles d’autres femmes. Il y a donc énormément de choses qui se passent dans la vie de cette héroïne, mais à mon avis, ça permet ainsi à beaucoup de personnes de se reconnaître dans au moins une des situations. « C’est un amalgame de fiction et de vécu collectif, pas seulement moi, mais aussi de personnes qui ont vécu la même réalité que moi. Ça apporte toutes les possibilités, tous les défis », nous raconte Sylvie.

La réalité des familles recomposées est en effet un sujet assez peu représenté en fiction québécoise. En tout cas, on s’y attarde rarement avec attention. Dans L’agenda de Béatrice, on a droit à une visite dans l’intimité d’une telle famille avec le point de vue certes de la mère, mais où tous les acteurs sont représentés. « Je voulais partir du fait qu’au départ, une famille recomposée demande du travail », explique l’auteure.

Le roman alterne deux lignes narratives. Il y a tout d’abord celle de Béatrice et Jean en Italie qui vivent de nombreux rebondissement alors qu’ils se rappellent et commentent les événements qu’ils ont connu, pour le meilleur et pour le pire. Ensuite, il y a l’histoire en tant que telle, celle de Béatrice qui vit sa vie de mère et de belle-mère en compagnie de son nouveau conjoint, de ses amies, de ses nombreuses sœurs qui vivent aussi d’autres défis tout aussi importants dans leur vie.

Interrogée sur cette structure en allers-retours, Sylvie explique : « C’est un style qui me plaît dans les films, j’appelle cela l’effet « slinky ». Quand c’est plus linéaire, c’est plus difficile d’accrocher le lecteur. Il y a un risque d’essoufflement dès le début. » Sans aucun doute, cette structure accroche. Au début je croyais que je me perdrais dans les dates, mais c’est assez bien découpé pour suivre le récit sans problème. Le train, très présent tout au long du récit est aussi un environnement qui plaisait à Sylvie et qu’elle voulait exploiter. Pour ma part, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une image de la vie qui avance sans qu’on ne puisse rien y changer. J’ai tendance à trop analyser les choses, mais je dois dire que, volontaire ou non, le choix de ce moyen de transport cadre parfaitement avec l’histoire.

 

Une héroïne authentique

L’écriture de Sylvie est remplie de sincérité et d’authenticité. Même si l’auteure n’a pas vécu tout ce qu’elle relate, on en a l’impression. Les émotions sont ressenties et elle réussit à décrire tous ces événements comme nous les vivrions. On sent que la situation est complexe et parfois difficile, mais elle n’est jamais dramatisée de manière exagérée. On a l’impression en fait que Béatrice est une amie qui nous raconte de jour en jour ce qui se passe dans sa vie tout en nous donnant un accès privilégié à son introspection. Je ne serais pas étonnée que les familles ayant vécu cette situation se reconnaissent très facilement dans ce récit.

Il reste qu’il s’agit d’un roman qui s’adresse plus facilement à un public qui connaît déjà un peu ce genre de situation, qui a des enfants ou qui est intéressé par les questions familiales. Cependant, moi qui ne fait pas partie de ce public, je me suis quand même surprise à être moi-même intéressée au sort des personnages.

La suite des choses

Sylvie est présentement en train de travailler sur la suite de L’agenda de Béatrice. L’histoire sera toujours autour du même personnage principal, mais Béatrice suivra une autre quête plus introspective. Sylvie averti aussi que ce sera un peu différent du tome précédent : « L’histoire est d’un autre genre et c’est à un niveau plus spirituel, un peu ésotérique. » L’auteure a pour l’instant rédigé une cinquantaine de pages et n’est pas certaine d’être à la même maison d’édition. Peut-être sera peut-être le début d’une autre aventure tout à fait différente pour la publication de cet autre roman. Une chose est certaine, L’agenda de Béatrice est le début d’une belle aventure littéraire pour Sylvie Lajoie.

Cliquez ici pour visiter le site Web de Sylvie.

Suggestion lecture: Les fans et Internet

En été 2014 est paru un ouvrage fort intéressant d’une chercheuse qui a regardé de près une communauté d’admirateurs de l’émission Dans une galaxie près de chez vous (abrégé souvent par DUG). Christine Hébert, diplômée à la maîtrise en ethnologie et patrimoine de l’Université Laval, porte un regard scientifique sur les interactions entre les membres de cette communauté virtuelle, les événements qu’elle vit et les différents éléments qui la caractérise.

Tiré de son mémoire de maîtrise, Les Duggies et Internet s’intéresse surtout à quelques membres d’un forum virtuel de discussion à propos de la série. Le sujet est d’abord intéressant parce que DUG a été un phénomène au Québec. La série jeunesse diffusée sur Canal Famille (maintenant Vrak) a su s’attirer un public beaucoup plus large que prévu et possède une base d’admirateurs assez solide. Seulement le fait qu’un forum de discussion virtuel plutôt fourni s’est formé autour de cette série (plusieurs existent en fait) est remarquable si on tient compte de la petitesse du marché de la télévision au Québec. L’angle ethnologique de Christine Hébert rend le sujet encore plus intéressant, car on se rend compte que toute cette communauté, bien que petite, se structure et se bâtit un peu par elle-même. C’est facile, en fait, d’imaginer que plusieurs groupes d’admirateurs connaissent les mêmes caractéristiques.

couverture livre christineSéparé en trois chapitres, le livre présente tout d’abord l’univers de Dans une galaxie près de chez vous, ainsi que le forum d’admirateurs que l’auteure a étudié. Elle explique la série et ce qu’est un Duggie, le nom qu’on donne au admirateurs de DUG. On y aborde aussi le sujet du forum en tant que lieu de socialisation, de création et même de culte. On y suit aussi l’évolution du forum et comment cette communauté a grandi sur Internet. Les témoignages des huit membres interrogées dans ce chapitre montrent toute la dimension humaine qui se trouve dans ce groupe de fans. Chacune à une histoire et une raison qui l’a amenée à joindre ce groupe et à y consacrer du temps. Ce sont des personnes d’âges et d’horizons variés qui ne se seraient pas connues autrement qu’en partageant cet intérêt commun.

Le troisième chapitre est, à mon avis, le plus intéressant. Il montre la communauté qui sort du cadre virtuel. En fait, le propos de ce chapitre est de la présenter comme une microsociété. L’auteure explique les rencontres formelles, par exemple au Salon du livre de Montréal, mais aussi les rencontres informelles qui n’ont pas de lien direct avec DUG. Les membres de cette microsociété se trouvent des intérêts communs et prennent part à des clavardages sur des sujets variés ou bien à des activités spontanées. Un événement est étudié avec plus de profondeur: le shower . Des membres du forum organisent pour l’une d’entre elles un shower pour son bébé à venir. L’organisation d’un tel événement en rapport avec un aspect tout de même relié à la vie privée montre un lien de solidarité entre ces membres du forum. La majorité des éléments communs d’un shower étaient présents: les jeux, les bouchées, la carte et les cadeaux. Ils étaient la plupart du temps en lien avec DUG. Plusieurs pages sont dédiées à cet événement qui illustre bien tout le propos du livre.

Christine Hébert relève aussi la présence de rites dans cette communauté notamment par le Dug-o-film-o-thon ou DOFOT, un marathon de la série et des films et par la Saint-Bernard-Legault, un anniversaire en hommage aux deux auteurs de la série, Claude Legault et Pierre-Yves Bernard. Il y a aussi des chartes et des règlements qui renforcent cette idée de microsociété. Très intéressante, cette partie démontre qu’une communauté virtuelle présente des caractéristiques bien similaires à une communauté dite « normale » malgré une certaine spécificité.

Les communautés virtuelles d’admirateurs est une chose qui peut intriguer lorsqu’on est pas familier avec le phénomène. Or, ce livre explique bien les choses en dressant un portrait à mon avis bien complet. On comprend un peu mieux pourquoi de telles communautés existent et durent. L’angle local avec une série télévisée bien de chez nous est très apprécié et il nous rapproche du sujet. La bibliographie est solide, la théorie bien documentée et le ton y est agréablement accessible. Bref, je le recomande!

Quelques extraits

Voici quelques extraits tirés du livre qui vous donneront, je l’espère, le goût d’en lire plus.

« Le forum peut même être comparé à un laboratoire social, c’est-à-dire un lieu où les membres peuvent expérimenter des interactions sociales entre eux, tout en développant de nouvelles amitiés. En effet, pour la majorité des participantes aux entrevues, le forum est propice à créer et développer des amitiés véritables » p.30

« Il est ainsi possible d’imaginer que les limites entre la vie réelle et la vie virtuelle se confondent, devenant une seule vie » p.31

« Par ce shower, les membres du forum ne sont seulement liés par une série culte, ils sont aussi lié par les événements de la vie, soulignés par un rituel » pp.76-77

« Ce qui est étonnant pour le deuxième cas, c’est que ce chandail n’est pas considéré comme un costume, mais qu’il est utilisé au cours du rite: d’un objet de la vie quotidienne, il devient un objet symbolique, un souvenir de cet événement, métamorphosé par l’inscrition de messages échangés par les participants. De plus, sa valeur, auparavant utilitaire, se change en valeur sentimentale, voire symbolique, et devient en quelque sorte le symbole (trophée) témoin de la participation (exploit) du membre au DOFOT. » pp84-85

 

Le livre: Les Duggies et Internet, Christine Hébert, éditions Les Presses de l’Université Laval, collection Autour de l’événement, 124 pages.

Rédactrice-réviseure, Christine Hébert est aussi la créatrice d’un blog exclusivement dédié au sujet des fans et des communautés de fans: Nous sommes fans. Elle y partage des études, des articles et des réflexions reliés à ce sujet.

 

 

Suggestion lecture: Comme convenu

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© Laurel source: bloglaurel.com

Je serai tout à fait subjective dans cette note, je vous préviens. Quand je vois un travail de qualité et original, je pense que ça vaut la peine d’en parler. J’avoue que celui-là, il m’intéresse particulièrement.

Que vous vous intéressiez ou non aux jeux vidéos, vous avez de grandes chances de tomber sous le charme de Comme convenu. C’est une histoire en BD fascinante et palpitante à propos d’une start-up de jeux vidéos en Californie. On y suit Laurel, une dessinatrice française, qui part aux États-Unis pour vivre l’aventure de la création d’une boîte de jeux pour mobiles. Les choses sont beaucoup plus difficiles que prévu, surtout en raison de co-fondateurs plutôt invivables.

Très inspiré de sa véritable expérience, Laurel présente Comme convenu  comme étant une histoire en grande partie fictive. Ceux qui suivent le blog de la dessinatrice savent que certains événements sont réels, car elle en a parlé. Cependant, le reste est mystérieux. La limite entre le vrai et le fictif est indécelable et si vous êtes comme moi, vous allez sincèrement espérer que certains événements soient inventés. Parfois, les choses tournent en effet très mal. Cette incertitude importe peu toutefois, car elle ne gâche en rien l’histoire. Dans ce récit rempli de rebondissements, il y a des personnages qu’on aime, d’autres qu’on déteste profondément et on a seulement hâte de voir comment le tout va évoluer. La BD est en effet toujours en publication à raison d’une page par jour de semaine sur le blog de Laurel. Tous les liens sont à la fin de cette note.

J’ai toujours apprécié le dessin de Laurel, dont je suis le travail depuis 2004. Il est simple et très éloquent. Elle est de ces dessinateurs qui réussi à faire parler le moindre petit détail. Or, au delà du dessin, Comme convenu est un récit riche qui explore de nombreuses facettes de l’histoire de base. On ne parle pas toujours de jeux vidéos et de dessin, mais aussi de vie de famille, d’adaptation à un nouveau milieu ainsi que des joies et des peines du quotidien. Aussi, elle est une histoire dans l’air du temps. Ils sont nombreux les jeunes et moins jeunes qui rêvent de fonder leur start-up de jeux vidéos. Cette BD montre qu’il faut faire attention avec qui on s’associe et qu’il y a des risques à se lancer dans une telle aventure. On peut tomber sur des manipulateurs et des personnes toxiques qui gâchent une belle expérience. Je n’en dirai pas plus, car c’est une histoire qui mérite vraiment d’être découverte page par page.

Pourquoi parler de Comme convenu maintenant? L’auteure a comme projet de publier une première partie de l’histoire en livre papier et elle a décidé d’utiliser la méthode du sociofinancement pour y parvenir. L’objectif a déjà été atteint sur Ulule, mais rien ne vous empêche d’aller l’encourager à votre tour si vous aimez son travail. Personnellement, je pense que c’est clair, j’aime beaucoup. J’espère que vous aimerez vous aussi!

Le blog de Laurel: bloglaurel.com/

Pour lire Comme convenu dès le début: http://bloglaurel.com/studio

Sa page Ulule pour participer au sociofinancement du livre: http://fr.ulule.com/comme-convenu/

Suggestions lecture: classiques revisités

La mode des suites,  « reboots » et relectures d’œuvres n’affecte pas seulement le cinéma. C’est une tendance qu’on observe aussi de plus en plus en bande dessinée. On peut être d’accord ou non avec cette mode de reprendre des classique et certains essai ont été, à mon avis, plutôt ratés. Or, je vous en présente ici deux qui valent le détour. Les deux albums sont très différents, car l’un d’entre eux s’attarde à un personnage alors que l’autre est carrément un « reboot » de la série. Par contre, il ont ceci en commun: ils s’adressent à un public plus adulte que leur série d’origine. Ils sont plus violents, plus sombres et plus dérageants. Mais dans les deux cas, c’est assez bien fait pour que ça s’insère tout naturellement dans l’historique ou l’évolution des personnages.

 

© Maltaite & Colman/Dupuis

© Maltaite & Colman/Dupuis

Choc tome 1: Les fantômes de Nightgrave – Colman & Maltaite (Dupuis)

M. Choc est un personnage bien connu des amateurs de BD franco-belge. Créé en 1955 par le scénariste Maurice Rosy et le dessinateur Will,  il est un ennemi récurrent de l’univers de la série Tif et Tondu(pour ceux qui ne connaissent pas Tif et Tondu, voici un petit résumé wikipédien). M. Choc a la particularité d’être toujours coiffé d’un heaume et, comme tout bon méchant de BD, d’être cruel et sans aucune morale. Ce méchant a fasciné beaucoup de lecteurs, car c’est un personnage très énigmatique , mystérieux et insaisissable duquel on ne connait absolument rien.

Avec au scénario Colman et au dessin Éric Maltaite (qui est accessoirement le fils de Will), Choc va au fond des choses et revient carrément sur la vie passée du méchant casqué. Nous suivons deux histoires racontées en parallèle. Tout d’abord celle de Choc tel qu’on le connait qui achète un manoir, puis met en oeuvre un autre de ses plans diaboliques. en même temps, on voit la vie de ses parents, sa naissance, son enfance difficile au service d’une riche famille d’Angleterre, puis en détention pour un vol qu’il n’a pas commis. On voit un brave garçon qui est prêt à tout pour aider sa mère être victime de toutes sortes de violence avant de commencer à sombrer tranquillement dans la cruauté et dans la soif de vengeance.

© Maltaite & Colman/Dupuis

© Maltaite & Colman/Dupuis

La couverture très ordinaire n’est pas à l’image du dessin fourni et très réussi d’Éric Maltaite, un dessinateur avec déjà beaucoup d’expérience derrière la cravate. Le scénario, quant à lui, ose. Il ose surtout dans la violence de certaine de ses scènes qui fait que cet album n’est pas à mettre entre toutes les mains. Tout ce que vit Eden (le véritable nom de Choc, on l’apprend ici) est près de insupportable. Heureusement, l’histoire est entrecoupée d’épisodes suivant Choc adulte. Même s’ils sont aussi violents parfois, ils offrent un relatif répit. Malgré toutes cette violence, on est curieux d’apprendre ce qui arrivera à ce jeune homme pour qu’il devienne ce qu’il est devenu et beaucoup attendent avec impatience le deuxième tome. Il faut spécifier que ce retour dans le passé de M.Choc a été approuvé par Maurice Rosy peu avant sa mort l’an dernier. Le scénariste n’avait pas l’habitude de laisser ses créations à n’importe qui et un tel album n’aurait pu être possible sans son feu vert.

On est donc très loin du style de Tif et Tondu. Or, on est dans un ton tout indiqué pour raconter l’histoire de ce méchant notoire. En effet, il faut vivre d’horribles choses pour devenir aussi terrible.

 

© Maltaite & Colman/Dupuis

© Cambré & Legendre/Paquet

Amphoria tome 1: Bob – Cambré & Legendre (Paquet)

Bob et Bobette sont d’absolues vedette dans la bande dessinée du côté Flamand de la Belgique. Appelée Suske en Wiske en version originale néerlandaise, la série créée par  Willy Vandersteen apparaît pour la première fois en 1945. Ce sont des histoires un peu naïves, très représentatives de ce qui se faisait en bande dessinée à l’époque. Je n’ai  lu cette série que très partiellement, alors je serais bien mal à l’aise d’émettre une opinion à son sujet. Par contre, vu le succès immense que « Bob et Bobette » a connu, j’imagine que c’était bien fait.

Bob et Bobette en version originale! © Vandersteen

Bob et Bobette version originale © Vandersteen

Contrairement à Choc, je n’ai pas eu la chance de lire cet album, mais les commentaires à son propos et les extraits fusent sur Internet. Ceci étant dit, pas besoin d’être un spécialiste de Bob et Bobette pour s’apercevoir que cet album n’a visuellement rien à voir avec la série originale. La couverture seule parle d’elle-même. Tout d’abord, le dessin est à des lieues de la ligne claire de Vandersteen. Il est au contraire tout à fait collé à notre époque, plus énergique, plus réaliste et moins « clair ». Le scénario met en scène Bob et Bobette plus âgés, à la fin de l’adolescence, qui se retrouvent malgré eux sur l’île d’Amphoria en 2047 à la suite d’une mauvaise manipulation du télétemps. L’Amphoria qu’ils ont connue est maintenant plongée dans la terreur par son dirigeant, le diabolique Docteur Crimson et a des airs de monde post-apocalyptique. Dans ce monde inquiétant, Bobette est kidnappée et Bob doit partir à sa recherche.

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© Cambré & Legendre/Paquet

Même si cet album s’adresse à un public plus adulte par sa violence, son vocabulaire et son ambiance glauque, il est en même temps resté fidèle au matériel d’origine. En effet, les personnages restent les mêmes et ils conservent leur personnalité et des éléments comme le télétemps et Amphoria sont directement pris de la série. On a, parait-il, l’impression de voir une version rajeunie et modernisée de cette série extrêmement classique. La réaction du public et des fans a été sans équivoque. En Néerlandais, version parue avant la française, l’album s’est écoulé à près de 200 000 exemplaires et les réactions sont très positives. Deux autres tomes sont d’ailleurs déjà parus dans cette langue. Évidemment, cet album a été produit avec l’approbation de la succession de Vandersteen. Le concept a même été créé avec les héritiers eux-mêmes. Le testament de l’auteur prévoyait des limites aux reprises de sa série et il ne suffisait qu’à les respecter.

Comme je l’ai dit plus haut, je ne l’ai pas lu encore, mais je suis très curieuse d’y jeter un coup d’œil.

 

 

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