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Hommage de la part d’une pouceuse

J’ai découvert un monde aux Îles de la Madeleine: l’auto-stop. C’est presque considéré comme un moyen de transport là-bas. Sérieux. Ça marche très bien. Un peu mois maintenant qu’avant il faut dire, mais ça revient tranquillement. N’ayant qu’un vélo comme moyen de transport la plupart du temps, j’avais la chance de pouvoir compter sur la générosité des gens pour les longs trajets. Voici donc un petit hommage à ceux qui m’ont embarquée avec autant de gentillesse.

Hum! hum! (on s’éclairci la voix)

À vous. À tous ceux qui m’ont accueillie dans leur véhicule, qu’il aie été un VUS de luxe, une vieille auto sport retapée ou un Westfalia, à tous ceux qui se sont détourné un instant de leur chemin pour moi. Vous qui m’avez raconté tant d’histoires sur votre coin de pays et qui m’avez étonné tant de fois en me prouvant que, dans ces Îles, le monde est vraiment petit. Grâce à vous j’ai découvert des routes, des gens, des histoires, des lieux… et j’ai surtout découvert que la chaleur des gens de chez vous n’est pas que proverbiale, elle est bien réelle. Mon séjour, grâce à vous, à pris une dimension toute nouvelle et m’a donné mille récits à raconter.

Au début, je n’y croyais pas trop. Chez nous, dans la grande ville, on craint l’auto-stop car on ne peut faire confiance à personne. Alors j’y suis allée à contrecœur, car il le fallait bien. Sans voiture, j’étais bien démunie. Mais voilà, mon étonnement fut grand quand je vis le naturel avec lequel les gens m’ont accueillie.

Comme cette fois où je me rendais au Havre-Aubert pour la première fois. Mon chauffeur avait prévu passer sa soirée ailleurs, il a décidé de changer ses plans en entendant ma destination. Parce que ça faisait longtemps qu’il n’était pas allé au café de la Grave (café très populaire au Havre-Aubert) et que ça serait une bonne occasion d’y aller.

Comme cette fois où  des touristes m’avait prise en stop, deux jeunes femmes de mon âge. On a passé le trajet à discuter de nos endroits préférés et j’ai pu les conseiller sur des incontournables de l’archipel.

Comme cette fois où j’ai fait du stop avec quelqu’un croisé par hasard sur le coin du chemin. Il ne se déplaçait que de cette façon, ou en vélo. Été comme hiver. Que de plaisir j’ai eu à écouter ses histoires pendant notre attente!

La liste serait longue.

À vous, donc. Merci. Non seulement pour m’avoir transportée généreusement, mais aussi pour m’avoir gratifiée d’une compagnie formidable et unique. Et aussi pour m’avoir si souvent facilité la vie.

Et même si je n’étais pas toujours certaine de pouvoir arriver à l’heure par ce moyen de transport., je ne l’ai pas regretté, car quelle meilleure façon de découvrir un pays et sa population?

Et maintenant, je m’adresse à ceux qui visiteront peut-être un jour les Îles. Faites une fois de l’auto-stop. Juste une fois. Car cette manière unique de découvrir un coin de pays, déjà unique en soi, je crois bien qu’elle ne se retrouve nulle part ailleurs.

Blowin’ in the wind

Les sports aérotractés ont la cote aux Îles. Qu’est-ce que ça mange en hiver, un sport aérotracté? C’est un sport où l’on se déplace grâce au vent, omniprésent et particulièrement puissant dans cette région. Ça inclu donc la voile, mais surtout le kite-surf. Le kite-surf (qu’on peut aussi appeler simplement kite) est très populaire sur l’archipel. Tellement populaire qu’il n’y a pas une mais deux écoles de kite (si ce n’est pas plus). Le principe de ce sport est simple : une planche et une voile, qu’on appelle une aile, aux airs de parachute. Le kitesurfeur bien expérimenté peut alors, grâce à la traction du vent, atteindre des vitesses assez appréciables et faire de jolis sauts sur l’eau. Comme il y a de l’eau partout aux Îles, les endroits pour s’adonner à ce passe-temps populaire ne se comptent plus.

Une course de kite-surf, Havre-aux-Basques

J’ai eu l’occasion d’essayer le kite-surf. Ce n’était qu’une initiation de trois heures sur la terre ferme, mais c’était déjà suffisamment intense! C’est ma logeuse qui m’a donné le tuyau : le 24 juin, une école de kite faisait un spécial : une initiation pour 25 $. Sautant sur l’occasion, nous nous sommes toutes les deux rendues sur le platier, une large et plate étendue de sable près de la plage. L’endroit idéal car nous avons le vent du large et beaucoup d’espace sans avoir à se rendre sur l’eau. Bien entendu, nous ne sommes pas allés sur l’eau. La force de traction de ces voiles est si grand que ça peut devenir très dangereux pour un débutant. Nous étions donc sur terre avec une petite aile de trois mètres d’envergure. Au début, c’est l’instructeur qui tient le kite en nous montrant en gros comment nous devons tenir la barre pour contrôler l’aile. Ça semblait tellement facile quand il le faisait! Il tenait la barre à une main et dirigeait le tout les doigts dans le nez. Alors, j’étais un peu sceptique. Est-ce que c’est vraiment puissant ce truc? On dirait qu’il ne faisait que voler dans les airs et que ça bougeait tout seul. Alors, c’est sans grandes attentes que j’ai pris la barre et swouf! J’avais l’impression d’être dans un épisode des Looney Tunes. Cette espèce de parachute miniature m’a tiré sur je ne sais pas combien de mètres avant que j’arrive à le maîtriser. J’ai eu l’air d’une vraie folle… Ne jamais sous-estimer la force du vent! D’ailleurs, j’aurais dû le savoir, car il m’a déjà ralenti en descendant une côte en vélo. C’est authentique.

Les bras bien droits devant nous en serrant bien fort la barre de contrôle, on essayait des manœuvres de base qui faisaient virevolter gracieusement l’aile dans l’air. Quoique bien souvent, elle retombait violemment par terre. Ça faisait un tel bruit quand ça s’écrasait, que j’avais à chaque fois l’impression qu’une bombe éclatait. Mais après plusieurs tentatives, je commençais à maîtriser drôlement bien la bête. Et j’avoue que le sentiment d’avoir le contrôle parfait sur un bout de toile situé à une dizaine de mètres au-dessus de la tête, c’est quelque chose d’assez grisant. En fait, on a un moment l’impression de contrôler le vent. Même si le vent va dans une seule direction, on peut aller à droite, à gauche et avant, en haut… On se sent soudainement très puissant! J’ai compris pourquoi c’était si populaire, en plus du fait que ça doit donner toute une dose d’adrénaline. En tout cas, ma logeuse a adoré et elle était bien déterminée à prendre des cours et à s’acheter un kite d’entraînement. Moi, je nage comme une roche alors je ne suis pas très à l’aise sur l’eau, donc se sera sans doute ma seule expérience. Je ne le regrette pas du tout. J’ai eu des courbatures pendant deux jours et mérité un superbe coup de soleil sur le visage, mais je n’ai que de bons souvenirs de ces trois heures. Dorénavant, j’apprécie encore plus le spectacle des kitesurfeurs, maintenant que je sais un peu plus en quoi ça consiste.

 

Récit d’une fascination

Note: Habiter une région comme les Îles de la Madeleine pendant un été marque une personne au fer rouge. Soudainement, on a un autre point de vue sur le monde, une autre manière de vivre… et des souvenirs uniques à partager! Dans le cadre d’un stage en journalisme, j’y ai passé deux mois l’été dernier, deux mois marquants. Je vous propose donc une série de textes intitulée « Une fille aux Îles » qui relatera anecdotes et impressions sur cet archipel étonnant. Le premier texte fait un peu exception aux autres, car il a déjà été écrit, au début de mon séjour. Il raconte en fait mes motivations à accepter ce stage dans un petit hebdomadaire régional. Ce sera donc le seul à ne pas se situer dans les souvenirs, mais bien dans l’anticipation.

***

Mon départ pour les Îles de la Madeleine s’est véritablement fait sur un coup de tête. Moi qui la plupart du temps tergiverse des jours entiers avant de prendre une décision importante, dès que j’ai vu cette offre de stage, j’ai tout de suite proposé ma candidature. Ce qui est étrange, c’est que je peux difficilement expliquer pourquoi. Était-ce parce que je rêve depuis longtemps de visiter cette région si exotique aux yeux des Montréalais? Plutôt étais-ce parce que je désirais tenter l’expérience excitante de travailler loin de chez moi? À moins que ce ne soit, tout simplement, mon attrait pour la mer?

Il faut dire que mon amour de l’eau et de la mer remonte à aussi loin que je me souvienne. Petite, j’étais fascinée par l’univers marin; algues et poissons compris. Comme je ne savais pas nager, aller visiter ces mondes sous-marins était l’équivalent d’aller dans l’espace: tout à fait inatteignable.

Peu après mes six ans, la famille a déménagé dans le bas Saint-Laurent et de notre maison, nous avions une vue imbattable sur la grandeur du fleuve. J’avais alors accès à quelque chose qui avant n’existait pour moi que dans les livres et la télévision. J’étais comblée. C’est que dans ma tête de fillette, le fleuve à cet endroit et la mer, c’était la même chose. La même force, le même mystère. J’aimais surtout lorsque nos parent nous emmenaient sur le quai, alors que le vent nous empêchait presque d’avancer tant il était puissant. Malheureusement, nous avons quitté la région pour aller habiter à Montréal. Depuis, je peux difficilement envisager de vivre loin de l’eau, même si ce n’est qu’une petite rivière. Mais évidemment, ce n’est pas pareil. Ce n’est pas la mer.

Quand j’ai reçu cette offre de stage, une foule de souvenirs sont remontés à la surface: des odeurs, des couleurs, des sons. Bien avant l’expérience professionnelle ou les gens que je pourrais rencontrer, je pensais à l’eau et aux bestioles qui l’habitent. Naïvement, je ne rêvais qu’à voir des phoques et à passer des heures à regarder les vagues sur un quai. Alors j’ai sauté sur l’occasion.

Oui, à bien y penser, c’est comme ça que cela a dû se passer. Au lieu de réfléchir, ce sont les émotions qui m’ont fait réagir si rapidement. Tant mieux d’ailleurs, car je ne sais pas si j’aurais pu envisager de partir tout un été si loin de chez moi autrement. J’aurais alors raté quelque chose de grand.

Car en arrivant ici, j’ai réalisé que je n’avais plus mes yeux de fillette. La fascination pour l’eau salée et sauvage ne m’a jamais quittée, mais je vois maintenant plus que ça. En atterrissant sur ces belles îles, j’ai tout de suite remarqué les gens, les collines, les maisons… J’ai découvert un monde riche et lumineux qui allait bien au-delà de l’eau.

Si c’est la mer qui m’a donné envie de venir aux Îles de la Madeleine, c’est tout le reste qui me donne à chaque jour un peu plus le goût d’y rester. Je suis d’autant plus heureuse de faire partie de la vie des Îles, d’y travailler, d’y vivre, le court temps d’un été. Elles sont si… fascinantes!

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