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Le roman de Sylvie

Nombreux sont ceux qui aiment et veulent écrire, mais rares sont ceux qui parviennent à se faire publier. Le parcours est long, ardu et comporte souvent de nombreuses déceptions. Pour cette raison, je suis toujours intéressée à ceux qui réussissent à publier le fruit de leur travail imaginatif, parfois modestement. J’ai eu la chance de discuter avec Sylvie Lajoie, une auteure qui a publié début 2016 son premier roman : L’agenda de Béatrice. Je vous invite à regarder d’un peu plus près le parcours de Sylvie ainsi que le roman qui a résulté de cette expérience.

 

Parcours d’une publication

« J’ai toujours aimé créer. Que ce soit par la décoration ou la peinture et maintenant, par l’écriture » dit d’emblée Sylvie Lajoie. L’aventure littéraire de Sylvie commença il y a quelques années, alors qu’elle a retrouvé des textes qu’elle avait écrits lors de sa séparation. Inspirée d’en écrire plus, elle a suivi des ateliers d’écriture et pris un coach pour l’aider à être efficace dans ce travail. Avec ce qu’elle a appris de cet accompagnement, elle a essayé le mieux possible de réunir tous les aspects d’un bon roman pour mettre des points de son côté. « C’est préférable d’écrire sur un sujet d’actualité et il n’y avait pas de roman sur ce sujet des familles recomposées encore. Je sais que je vais pouvoir rejoindre les gens. »

Sylvie a envoyé son manuscrit à des maisons d’édition, sans beaucoup de succès. « On me répondait : ça ne convient pas, ce n’est pas ce qu’on recherche… ». Cela ne l’a pas découragée pour autant. Sylvie a retenu quelques-unes des remarques faites par les éditeurs et elle fait d’autres versions de son roman, changer des angles. Elle a finalement choisi d’aller aux Éditions de l’Apothéose, une maison d’édition un peu différente qui donne une chance aux nouveaux auteurs. « Ce n’est pas de l’autoédition, mais de la coédition. Le lien est plus étroit qu’avec une maison d’édition, plus direct », explique Sylvie. Grâce à cette maison d’édition, L’agenda de Béatrice a pu voir le jour.

 

La réalité au cœur du récit

Ce récit, inspiré de son expérience de vie, raconte le parcours de Béatrice dans sa vie de famille recomposée. À bord d’un train qui traverse l’Italie, Béatrice et Jean se remémorent les circonstances qui ont mené à leur rencontre, 15 ans auparavant. Béatrice avait alors vu sa vie basculer lorsque son conjoint Marc la quitte de manière subite et sans explication. C’est la deuxième séparation qu’elle vit et elle hésite à retourner dans une relation, surtout avec deux enfants. Pourtant, très rapidement et presque par hasard, elle rencontre Jean, lui aussi nouvellement séparé et père de deux filles. Tout au long de l’histoire, Béatrice sera confrontée à ses doutes, ses questionnements et les défis de la famille recomposée.

© Sylvie Lajoie - Éditions de l'Apothéose

© Sylvie Lajoie – Éditions de l’Apothéose

Sylvie s’est inspiré de sa propre expérience pour l’histoire de Béatrice, mais aussi celles d’autres femmes. Il y a donc énormément de choses qui se passent dans la vie de cette héroïne, mais à mon avis, ça permet ainsi à beaucoup de personnes de se reconnaître dans au moins une des situations. « C’est un amalgame de fiction et de vécu collectif, pas seulement moi, mais aussi de personnes qui ont vécu la même réalité que moi. Ça apporte toutes les possibilités, tous les défis », nous raconte Sylvie.

La réalité des familles recomposées est en effet un sujet assez peu représenté en fiction québécoise. En tout cas, on s’y attarde rarement avec attention. Dans L’agenda de Béatrice, on a droit à une visite dans l’intimité d’une telle famille avec le point de vue certes de la mère, mais où tous les acteurs sont représentés. « Je voulais partir du fait qu’au départ, une famille recomposée demande du travail », explique l’auteure.

Le roman alterne deux lignes narratives. Il y a tout d’abord celle de Béatrice et Jean en Italie qui vivent de nombreux rebondissement alors qu’ils se rappellent et commentent les événements qu’ils ont connu, pour le meilleur et pour le pire. Ensuite, il y a l’histoire en tant que telle, celle de Béatrice qui vit sa vie de mère et de belle-mère en compagnie de son nouveau conjoint, de ses amies, de ses nombreuses sœurs qui vivent aussi d’autres défis tout aussi importants dans leur vie.

Interrogée sur cette structure en allers-retours, Sylvie explique : « C’est un style qui me plaît dans les films, j’appelle cela l’effet « slinky ». Quand c’est plus linéaire, c’est plus difficile d’accrocher le lecteur. Il y a un risque d’essoufflement dès le début. » Sans aucun doute, cette structure accroche. Au début je croyais que je me perdrais dans les dates, mais c’est assez bien découpé pour suivre le récit sans problème. Le train, très présent tout au long du récit est aussi un environnement qui plaisait à Sylvie et qu’elle voulait exploiter. Pour ma part, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une image de la vie qui avance sans qu’on ne puisse rien y changer. J’ai tendance à trop analyser les choses, mais je dois dire que, volontaire ou non, le choix de ce moyen de transport cadre parfaitement avec l’histoire.

 

Une héroïne authentique

L’écriture de Sylvie est remplie de sincérité et d’authenticité. Même si l’auteure n’a pas vécu tout ce qu’elle relate, on en a l’impression. Les émotions sont ressenties et elle réussit à décrire tous ces événements comme nous les vivrions. On sent que la situation est complexe et parfois difficile, mais elle n’est jamais dramatisée de manière exagérée. On a l’impression en fait que Béatrice est une amie qui nous raconte de jour en jour ce qui se passe dans sa vie tout en nous donnant un accès privilégié à son introspection. Je ne serais pas étonnée que les familles ayant vécu cette situation se reconnaissent très facilement dans ce récit.

Il reste qu’il s’agit d’un roman qui s’adresse plus facilement à un public qui connaît déjà un peu ce genre de situation, qui a des enfants ou qui est intéressé par les questions familiales. Cependant, moi qui ne fait pas partie de ce public, je me suis quand même surprise à être moi-même intéressée au sort des personnages.

La suite des choses

Sylvie est présentement en train de travailler sur la suite de L’agenda de Béatrice. L’histoire sera toujours autour du même personnage principal, mais Béatrice suivra une autre quête plus introspective. Sylvie averti aussi que ce sera un peu différent du tome précédent : « L’histoire est d’un autre genre et c’est à un niveau plus spirituel, un peu ésotérique. » L’auteure a pour l’instant rédigé une cinquantaine de pages et n’est pas certaine d’être à la même maison d’édition. Peut-être sera peut-être le début d’une autre aventure tout à fait différente pour la publication de cet autre roman. Une chose est certaine, L’agenda de Béatrice est le début d’une belle aventure littéraire pour Sylvie Lajoie.

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